L’IA pour gérer votre entreprise ?
09/05/2025 FiduPress
L’intelligence artificielle progresse à pas de géant. Mais est-elle prête à gérer une entreprise sans intervention humaine ? Une étude récente menée par les chercheurs de l’université Carnegie Mellon apporte des éléments de réponse fascinants… et nuancés.
Une entreprise virtuelle dirigée par des IA
Les chercheurs ont créé une entreprise fictive, TheAgentCompany, structurée comme une véritable PME technologique : intranet, outils de communication, gestion de projet, RH, messagerie interne… Tout y est. Sauf les humains. Chaque poste de travail était confié à une IA générative de pointe, comme Claude 3.5 Sonnet, GPT-4o ou Gemini.
Chaque agent avait pour mission d’accomplir des tâches concrètes : organiser un sprint de développement, remplir un formulaire financier, choisir de nouveaux bureaux, ou encore interagir avec un collègue RH virtuel. Le tout dans un environnement réaliste, avec des outils du monde professionnel.
Un système de points permettait d’évaluer les performances à chaque étape, y compris les réussites partielles. Une manière de mesurer non seulement le résultat final, mais aussi la progression dans la tâche.
Le verdict : encore loin du compte
Les résultats de l’expérience ont de quoi tempérer les ardeurs des partisans d’une automatisation totale. Aucun agent n’a réussi à accomplir plus de 25 % des tâches confiées. Le meilleur élève, Claude 3.5 Sonnet, n’a terminé que 24 % des missions, avec un score global de 34,4 % en tenant compte des tâches partiellement réussies. GPT-4o et Gemini, eux, dépassent à peine les 10 %.
Pourquoi de si faibles performances, malgré des modèles réputés puissants ? Les chercheurs pointent plusieurs limites fondamentales :
- Manque de bon sens : l’IA ne comprend pas toujours des évidences humaines, comme associer un fichier .docx à Word.
- Difficultés d’interaction : les agents échouent dès qu’une communication est nécessaire avec un collègue simulé, ne sachant pas relancer ou interpréter une réponse vague.
- Navigation laborieuse : les IA sont déroutées par des interfaces complexes, des fenêtres pop-up ou des logiciels courants comme ownCloud.
Ces échecs révèlent une incapacité à gérer des tâches longues, complexes, nécessitant du jugement, de l’adaptabilité, et une certaine forme d’improvisation.
Pas (encore) de patron IA
Faut-il pour autant renoncer à intégrer l’IA dans la gestion d’entreprise ? Pas du tout. L’étude montre que les agents peuvent exceller dans certaines tâches bien délimitées : génération de code, analyse de données, automatisation de processus répétitifs.
En revanche, ils peinent sur des missions nécessitant coordination, priorisation, lecture du contexte ou gestion humaine. Cela souligne un point essentiel : l’IA ne remplace pas l’humain, elle l’assiste.
Les chercheurs insistent d’ailleurs sur l’importance d’un travail collaboratif homme-machine. L’IA peut gagner en efficacité, mais elle a encore besoin d’une supervision humaine, notamment dans les domaines où le bon sens, l’intuition et l’expérience jouent un rôle clé.
En résumé
Si l’idée de laisser une IA gérer seule votre entreprise peut sembler séduisante sur le papier, la réalité reste très différente. Loin d’être des super-managers, les agents intelligents actuels ont encore besoin d’humains pour donner du sens, faire des choix et s’adapter à l’imprévu.
L’IA est un formidable outil de productivité. Mais elle n’est pas (encore) un patron.